La solitude, enfin...[PV: Etoile du Coucou]

Enfin, la solitude.
Après avoir traversé de long et en large le petit village de chats sauvages, Petit Ciel en avait marre. Le bruit était... Insupportable. Les nouveaux-nées qui s'époumonaient comme qui mieux-mieux rendraient fous un sourd.
Petit Ciel étaient parti, laissant derrière elle un village de bruits épouvantables. Elle cherchait la solitude, et elle l'avait trouvé, au Lac des Cygnes.
Cygnes ? Non ! Cailloux blanc voyons. C'est vrai qu'il est difficile de penser que le nom de ce Lac a été donné en fonction de galets mais c'est malheureusement la vérité.
Petit Ciel s'assit sur un rocher surplombant les autres. Idéal pour un plongeon, mais les chats ne se mouillent pas, tout le monde le sait, c'est comme ça.
En tout cas, il est sur que si Petit Ciel n'avait pas été un chat, elle se serait volontiers baignée.
Le rochers était chaud, il était doux et rond. Piquer un somme, ça ça faisait partie de la vie des chats !
La petite chatte se roula en boule mais un bruit la fit sursauter. Un bruit de branche brisée.
Elle se releva et s'étira ne daigna même pas regarder en direction de la source du bruit.

-"Il y a quoooiiii ?!

Petit Ciel se figea, elle avait senti une odeur, l'odeur du clan du Lierre.

Les dernières feuilles de l'automne passé craquaient sous les pattes d'Etoile de Coucou, totalement gelées. L'hiver, pour certains était morne, mais pour Etoile du Coucou, l'enfance revenait d'elle-même. Elle essayait encore, malgré son statut de chef, de temps en temps, d'attraper les flocons de neige, les laissant fondre de leur douceur enfantine sur sa langue chaude et humide. Elle se rappelait son enfance, les pattes posées pour la première fois dans l'étendue froide et blanche immaculée, effrayée d'abord, puis rassurée par sa mère qui l'invitait à sortir de la pouponnière et à la rejoindre. Ainsi, elles s'amusaient, le nez dans la neige, secouant les pattes pour chasser cette matière froide puis remettant les pattes dedans pour renouveler l'action totalement inutile à l'infini... Naïvement... Sans se préoccuper de son avenir, jouer à n'en plus finir... C'était étant enfant qu'elle pouvait s'adonner à tout cela, ces jeux enfantins, sans but précis. Elle s'adonna à ce jeu, malgré la très faible couche de neige qui fondait au soleil... Comme du miel elle devenait liquide, et coulait à flots... Elle se souvenait avoir piqué du miel aux abeilles... Elle s'est retrouvée chez le guérisseur avec des piqûres plein le museau. La piqueuse piquée... N'empêche, le miel avait si bon goût qu'elle aurait volontiers recommencé, mais c'était une chaude journée d'été, où le miel était fort présent dans les ruches. En hiver, la vie était comme en pause. S'offrait un petit somme. Durant un très long moment, elle erra, plus elle avançait, plus l'air devenait chaud, au point que son pelage d'hiver commençait à lui tenir trop chaud. Elle se secoua et courut vers le Lac des Cygnes, où elle pourrait se désaltérer et plonger les pattes dans l'eau. Elle y arriva enfin, puis sa patte atterrit par erreur sur une branche qui craqua. Elle vit alors une petite silhouette se mouvoir non loin de là. Elle se releva, mais ne chercha apparemment pas à trouver exactement la source du bruit, tournant la tête à son total inverse.

-"Il y a quoooiiii ?!

Etoile du Coucou ronronna. Si un oiseau ou un renard avait brisé cette branche, lui aurait-il gentiment répondu et aurait-il décliné son identité? Bien sûr que non! Elle sourit. L'enfance. Etoile du Coucou observa à nouveau la petite qui se tenait sur un rocher.

"Il y a moi"

Etoile du Coucou ne fut pas très explicite, mais cette réponse complétait sa question. Elle aimait jouer avec les mots, les prendre au pied de la lettre.

"-Il y a moi

Petit Ciel était tétanisé, elle ne s'était pas trompé. Il y avait bien un chat dans les environs et ce chat, si elle se fiait à son flair, pourrait sûrement attaquer vu leurs différences de clan.
Elle se maudissait, elle croyait être tranquille et n'avait pas pris les règles de sécurité qu'on applique d'habitude. Elle avait oubliée qu'elle était en terre libre... Grave erreur, et qui peut être fatale. Il n'y avait pas que le clan du chêne dans les environs !
Elle se retourna lentement. Presque au ralenti et elle vit, elle vit le chat qui avait parlé. Un adulte.
Là ses chances de survit était quasi mince, à part si celui ci se montrait clément avec elle.

-Heu... Je suis désolé d'avoir piqué votre endroit... Hum... Je vais partir d'accord ? Voila, sans faire d'histoire, je retourne chez moi. Voila, voila... Au revoir hein ? Et passez une bonne journée !

Elle ne trouvait d'autre échappatoires que la fuite... Mais pour l'instant elle ne bougeait pas. Aussi bizarre que cela soit, elle avait eu le temps de partir, de garder la vie et pourtant elle restait là, à la merci d'un chat adulte d'un clan ennemie.
La cause ?
Derrière le chat du clan du Lierre venait de se dessiner les contours d'un ours. Un ours grognon.. C'est comme ça que Petit Ciel appelait les ours les plus redoutables qui tapent parfois pour le propre plaisir.
Sans hésiter, alors qu'elle n'avait jamais eu de cours avec un guerrier ou quoi que ce soit, elle suivit son instinct et sauta sur l'ours noir après avoir lancé un bref avertissement au chat ennemie mais qui allait sûrement se faire déchiqueter d'ici peu si il ne faisait rien.
Petit Ciel s'était propulsé sur le dos de l'ours et lui lacéra les yeux de ses griffes.
La seconde d'après elle était retombé sur le sol avec grâce attendant le prochain coup de l'ours grognon.

Après es quatre innocents petits mots prononcés d'une voix douce, chaleureuse et pure comme du cristal, la petite du Clan du Chêne se retourna lentement puis ne bougea plus d'un poil, les yeux emplis de terreur brute. Les yeux d'Etoile du Coucou, au contraire, reflétait le un air désorienté, incompréhensif et même vexé. Elle ouvrit de grands yeux, cherchant veinement à comprendre d'où venait cette peur panique provoquée par un phénomène qui n'était pas du répertoire de Etoile du Coucou. Apparemment, c'était elle qui lui avait fichu la trouille, qu'avait-elle donc fait pour cela? A part débarquer au bord du lac, rien. Elle la scruta donc, son visage de chatonne terrifié par Etoile du Coucou.

-Heu... Je suis désolé d'avoir piqué votre endroit... Hum... Je vais partir d'accord ? Voila, sans faire d'histoire, je retourne chez moi. Voila, voila... Au revoir hein ? Et passez une bonne journée !

Elle garda les yeux grands ouverts, toujours emplis des mêmes sentiments. Elle ne comprenait pas comment l'enfant pouvait insinuer qu'à un seul instant elle ait voulu lui arracher la fourrure. Elle était arrivée, le visage rayonnant, et la petite était terrorisée par ce visage emplit de bonté d'âme. Etoile du Coucou ne savait pas comment s'y prendre avec une enfant aussi craintive, qui se croyait carrément prise au piège, emplie d'une peur panique. Malgré ses dires, la petite ne bougea toujours pas. Elle vit alors que ses petits yeux enfantins s'étaient levés, et qu'ils étaient dirigés sur quelque chose au-dessus d'elle. Etoile du Coucou ne sentait rien. Ni de souffle chaud, ni d'odeur familière ou étrange. L'enfant se jeta alors sur une ombre qui se détachait des autres par son aspect animal. Un ours! La jeune chatonne se jeta sur l'ours en lançant un bref avertissement à Etoile du Coucou, qui observa la chatonne se jeta sur le molosse. La petite, n'ayant reçu ni entrainement ni son baptême vu sa petite taille, risquait sa vie pour une étrangère. Courageux mais inconscient. Enfant, on veut jouer les héros, certes, Etoile du Coucou l'avouait elle-même, c'était extrêmement courageux de sa part, mais c'était un acte très dangereux qui pouvait lui coûter la vie.

Etoile du Coucou hurla son cri de guerre, puis se jeta sur le molosse. Il n'y avait aucune chance d'abattre une bête pareille, si chétive soit-elle. Elles peuvent vous tuer d'un seul coup de patte, sans remord mais aussi sans le vouloir réellement. L'enfant se propulsa avec élégance remarquable sur le dos de l'ours, montant derrière sa tête et atteignant le bord des yeux du molosse meurtrier. A son atterrissage tout aussi gracieux, Etoile du Coucou lui cracha dessus. Elle avait l'air très fière de son geste, mais il n'y avait pas le temps, ni pour les réprimandes, ni pour les félicitations au sujet de son adresse remarquable.

"On ne peut l'abattre, il faut le distraire et s'enfuir"


Ce n'était pas un renard que la chef, à l'aide d'une petite diversion de la chatonne, pouvait abattre sans trop de blessures, mais bien un ours qui pouvait l'écraser sans faire exprès. Elle le scruta alors, attendant la brèche dans sa défense qui lui permettrait de lui asséner un coup violent et s'enfuir avec l'enfant. Elle ne se fit pas de soucis pour elle, sûre qu'elle saurait sans problèmes éviter les attaques lourdes et lentes de l'ours. Etoile du Coucou en évita deux lancées assez habilement pour un gros tas de graisse comme lui, et lui sauta à la gorge. Mal placée, elle craignit un coup de patte, qui vient quelques instants plus tard à peine. Etoile du Coucou regretta d'avoir si maladroitement attaqué le molosse, et se retrouva propulsée douze mètres plus loin par l'attaque de l'ours. Elle fut fortement atteinte par l'attaque, peut-être lui avait-il cassé quelque chose, mais elle ne pouvait rester ici. Si elle restait immobile, il viendrait l'achever. Elle se leva donc péniblement, se rappelant son statut de chef. A cette idée, elle mit encore plus de conviction dans ses gestes, et se remit sur ses quatre pattes assez rapidement, après quoi elle rejoignit en quelques foulées l'enfant qui avait probablement aussi habilement évité l'ours.

Etoile du Coucou la prit alors par la peau du cou, et courut, l'enfant entre les crocs, jusqu'à un endroit qu'elle désigna comme assez éloigné. Elle reposa l'enfant, lui jetant des éclairs abominables et grimaçant par la même occasion. Elle décida de ne la sermonner, car elle lui avait tout de même sauvé la vie, Etoile du Coucou aussi, d'ailleurs, se faisant stupidement décimer pour distraire quelques instants l'immense carnivore. Elles étaient quittes, mais elle ne voulait pas l'enfoncer, et puis, à quoi bon? Elle n'était pas de son Clan, la petite le lui ferait certainement remarquer si elle lui lançait des reproches. Elle ne parla donc pas, au pied d'un arbre encore jeune et robuste. Elle l'observa. Du lierre grimpait sur l'arbre il y en avait peu, quelques petites branches grimpantes et quelques feuilles étaient faiblement accrochées à l'arbre jeune et fort. Jeune et forte, elle l'était, et tant qu'elle l'était, elle devait mettre sa jeunesse et sa vigueur au service de son Clan, le Clan du Lierre, animer ce Clan sans nouvelles, sans rien de spécial, et en faire un sujet attrayant. Etoile du Coucou fit plonger son regard dans les entrailles de l'arbre. Elle avait les yeux rivés sur l'invisible. Elle leva soudain ses yeux, et observa la chatonne au coeur de lion.

"Comment t'appelles-tu?"

Elle lui posa cette question les yeux voguant dans divers sentiments. Y régnait surtout la bonté et le respect. Elle lui avait tout de même sauvé la mise en attaquant le molosse immense qui aurait fait fuir plus d'un guerrier, même si un ami pouvait y rester, certains auraient fuit pour sauver leur peau, peut importe ce qu'il advienne de l'autre, ces chats-là dégoûtaient sincèrement Etoile du Coucou. Chacun pour soi, des paroles de froussard tout cela. Elle grimpa alors à l'arbre, ses muscles se contractant pour lui permettre une agréable montée, malgré la le peu de lierre, elle trouva prise autre part, et elle se retrouva assez vite à la cime de l'arbre. Elle lança un regard en dessous, ayant oublié l'enfant, la laissant avant qu'elle n'ait pu lui répondre. Elle la regarda et l'invita à la rejoindre d'un geste reliant signe de tête et de queue. Elle l'attendit, le regard volant librement dans les cieux, les souvenirs doux de l'enfance remontant.

La petite ne s'attendait pas à ce que la grande guerrière passe l'éponge aussi facilement. tu es trop douce, Etoile du Coucou, tu es trop indulgente. Erreur ou bonheur? Tu le sauras quand tu te planteras... Elle écouta l'enfant lui répondre timidement, comme si elle ne contrôlait pas elle-même ses paroles.

Je suis... Petit Ciel, du clan du Chêne."

Etoile du Coucou lui sourit. Lunatique et libre comme le ciel paisible qui sommeillait juste au-dessus d'elles. Ce nom fut choisit avec beaucoup d'élégance par ses parents. Elle songea à pourquoi ses parents l'avaient ainsi appelée ... Tient ... Cette question ne lui était dès lors jamais venue ... Elle réfléchit. Petit Coucou? Pourquoi l'avoir ainsi nommée? Elle n'avait pas la couleur de cet oiseau, pourtant... Pourquoi cherches-tu le pourquoi du comment?
Elle s'en souvint alors. Sa mère le lui avait expliqué, étant jeune, quand elle ne comprenait pas non plus pourquoi ce nom si étrange. Elle s'en souvenait. Sa mère l'avait ainsi nommée à cause ... à cause de son papa, qui avait croisé un coucou le jour de sa naissance. Un coucou avait assisté à sa naissance, durant toute la durée de son dur accouchement, l'oiseau était resté perché sur sa branche. Mais n'entrons pas dans les détails.
Ca, Etoile du Coucou ne le saura jamais.
Elle reposa ses yeux doucement sur ceux de la petite.

"Et moi je suis Etoile du Coucou, du Clan du Lierre"

Et elle posa des yeux brillants de malice sur la petite enfant. Etoile du Coucou supposait que l'enfant ne s'y attendait pas. Une chef, en face d'elle, qui ne lui aurait jusqu'à lors rien dit? Ce serait étrange, peu probable, et pourtant. Elle la pensait certainement, à la limite grande guerrière du Clan du Lierre, mais ne la pensait certainement pas lieutenante. Encore moins chef. Du moins, Etoile du Coucou en doutait. Comme une petite qui ne l'avait jamais vue pouvait savoir qu'elle était la chef du Clan du Lierre? A moins que l'on lui ait fait une description très précise, c'était impossible. Personne ne parlait de la jeune chef Etoile du Coucou.